mardi 12 février 2008

Qui se souvient de Menahem Beilis?, par Pierre Raiman

"La première personne qui m’a parlé de Menahem Beilis, c’est mon grand père.

Nous étions quelque part dans les années 70, le monde était encore divisé entre l’Occident et le "socialisme réel", l’histoire de Menahem Beilis appartenait à un autre temps. Celui d’avant la Première guerre mondiale, d’avant le communisme, d’avant la Shoah et d’avant la création d’Israël.

Il était question d’antisémitisme monstrueux, d’une organisation terroriste et antisémite, les Cents Noirs et d’accusations infamantes qui avaient un relent de sorcellerie. Mais aujourd’hui trois ans avant le centenaire de l’affaire Beilis qui s’en souvient ?

Alors reprenons, l’Ukraine au début du siècle est encore une terre de pogroms. Ceux-ci ont pris de l’ampleur depuis l’assassinat du tsar "réformateur" Alexandre II en 1881. Les Juifs ont été accusés d’être à l’origine de ce meurtre. Même certaines organisations révolutionnaires comme la Narodnaia Volia (la Volonté du Peuple) responsable du tsaricide ont encouragé ces manifestations confuses de colère populaire. Puis à partir de 1903 les pogromes reprennent alimentés par la propagande antisémite de groupes réactionnaires comme les Cent Noirs, qui stigmatisent la participation de juifs dans les nouvelles organisations révolutionnaires socialistes.

Selon les rumeurs antisémites, le Talmud Thora contient des instructions secrètes expliquant comment réciter des formules kabbalistiques en faisant couler le sang d’enfants chrétiens. Une telle accusation a épanoui ses fleurs vénéneuses depuis le XIIe siècle en Angleterre. Au cours des siècles moyenâgeux elle a alterné avec l’accusation d’empoisonner les puits que l’on trouve notamment lors de la Peste Noire de 1347-1350. Si l’Europe Occidentale des Lumières semble avoir éradiqué ces rumeurs, elles sont demeurées bien vivaces dans l’Est.

Aussi c’est comme surgi de la nuit des temps en 1911 qu’éclate l’affaire Beilis, reprenant l’accusation d’utiliser le sang d’enfants chrétiens pour faire le pain azyme de Pâques.

Or cette année en Ukraine un jeune garçon chrétien de 13 ans Andrei Iushchynski est découvert mort près d’un atelier de briques tenus par des Juifs, à Kiev. ..."

La suite dans le blog Autour de la Liberté

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