samedi 27 février 2016

«La politique arabe de la France» crut enfin trouver enfin son heure de gloire...


Jacques Tarnero @ Causeur:

[...] De Gaulle avait d’autres visées : débarrassé du fardeau algérien, il refermait la page de l’histoire coloniale. « La politique arabe de la France » crut enfin trouver enfin son heure de gloire. Elle le croyait, mais cette ambition allait se trouver contrariée car, comme le petit village gaulois, le petit village juif n’avait pas envie de se soumettre. De vedettes de Cherbourg en libération d’Abou Daoud, l’écho du conflit du Proche-Orient va perturber les élucubrations savantes du Quai d’Orsay. Si Guy Mollet avait fait d’Israël un allié de conjoncture sous la IVe République, au point de lui fournir sa capacité nucléaire, la Ve République va totalement réorienter ses choix. De Gaulle, Pompidou, Giscard et Chirac feront de l’axe franco-arabe, la matrice de la politique étrangère au Proche-Orient. N’ayant pas de pétrole mais prétendant avoir des idées, Jacques Chirac poussa même l’amitié jusqu’à gratifier Saddam Hussein d’une sympathie particulière en fournissant à l’Irak une centrale atomique prête à fabriquer une bombe. Bien plus tard, Chirac fut le seul homme d’Etat occidental à être allé saluer la dépouille de Hafez Al-Assad, le père de Bachar, autre bienfaiteur du peuple syrien. Avec une constance dans ses choix commémoratifs, le « docteur Chirac » partit saluer celle d’Arafat avec force Marseillaise et garde républicaine.  [...]

Plusieurs Palestine auraient pu voir le jour si Arafat avait préféré construire son pays plutôt que choisir au bout du compte les voies de l’intifada et celles du djihad. Car telle est bien la question aujourd’hui : que désirent les Palestiniens, quel est leur souhait prioritaire ? Que préfèrent-ils : la création de la Palestine pour les Palestiniens ou bien la destruction d’Israël ? Que préfèrent leurs « grands leaders », préserver cette rente idéologique de situation, ou bien bâtir un pays avec ce que cela comporte de soucis dans une banalité du bien qui leur est étrangère et qu’ils doivent apprendre à gérer? N’est pas Sadate qui veut dans le monde arabe… [...]

La lecture du Proche-Orient compliqué ne peut avoir de pertinence que si elle tient compte de deux autres registres : géographique et anthropologique. Il suffit de regarder une carte pour prendre conscience de l’invraisemblable prétexte de la Palestine. Voilà qu’un milliard cinq-cents millions de musulmans de Casablanca à Kuala Lumpur ne peuvent trouver le sommeil depuis plus de soixante-dix ans, parce qu’un supposé complot sioniste maléfique est censé immoler leurs rêves ? On devrait réfléchir à cette donnée. Qu’est-ce que le Quai d’Orsay comprend à la taqia, ce concept dans la pensée politique de l’islam qui consiste à avancer masqué, à pratiquer une alternance de trêves et de combats pour avancer et conquérir ? Ici même en Europe et en France, comment prétendre lutter contre le terrorisme alors que la source idéologique des inspirateurs de ce terrorisme progresse sous le voile « antiraciste » de la lutte contre l’islamophobie ? Avons-nous compris que désormais en France, nous sommes situés désormais dans le dar el harb, la maison de la guerre parce que l’ambition de certains est d’y faire flotter le drapeau du prophète ?

Comment la France qui s’estime menacée par la pénétration djihadiste au Mali, c’est-à-dire à 3 000 km de ses frontières, peut-elle dénier à Israël le droit de protéger les siennes alors que les djihadistes sont à 20 km de sa capitale ? [...]

On ne vit pas impunément dans un pays en guerre qui dure depuis plus de soixante-dix ans. On ne vit pas impunément en apprenant le soir à la télévision qui a été poignardé par des gamins de 14 ans. On ne vit pas impunément sous la menace atomique. On ne vit pas impunément les horreurs, les attentats et les crimes. On ne vit pas impunément le fait de mettre ses enfants dans des bus différents pour aller à l’école, au cas où une bombe humaine… On ne vit pas sans traumatisme quand on est entouré de populations droguées de haine à qui on rabâche depuis soixante-dix ans que leur malheur est causé par les juifs. Personne ne peut vivre impunément ce qu’Israël a subi et subit encore. Si certaines horreurs mimétiques existent aussi hélas en Israël — au point d’avoir assassiné celui qui se considérait désormais comme un soldat de la paix après avoir passé sa vie à faire la guerre pour défendre son pays —, ces monstruosités disparaîtraient si tôt que se dessinerait une volonté de paix et pas son simulacre. En Israël aussi, le sommeil de la raison engendre des monstres.  [...]

Six ans plus tard et malgré le chaos syrien, le chaos irakien, la remontée en puissance des talibans, le chaos en Libye, la menace terroriste de l’Etat islamique partout dans le monde et malgré les méfaits sanglants du 13 novembre à Paris, voilà que le triple quarteron estime que la question palestinienne « constitue un objet grave de dissentiment avec le monde arabo-musulman et qu’elle est, en toutes circonstances, utilisée contre l’Occident par les extrémismes religieux ». Cet appel des ambassadeurs révèle une autre réalité : l’incapacité à percevoir une stratégie à peine masquée : celle du djihad en Occident à l’abri de la cause palestinienne. Bien au contraire, ils estiment que si l’Etat islamique existe et attaque au Bataclan, c’est parce que la question palestinienne n’est pas réglée et si elle ne l’est pas, c’est parce qu’Israël y fait obstacle et si l’Europe se tait, c’est parce qu’elle « est inhibée par l’ombre de la Shoah et la puissance des lobbies qui défendent les options les plus extrêmes de la droite israélienne ». Et ce sont des ambassadeurs de France qui reprennent à leur compte cet argument du lobby ! Quel est-il ? Où est-il ? Comment se nomme-t-il ce lobby qui instrumentalise la Shoah ?

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